“Mafate serait un malgache qui aurait trouvé sa liberté, loin des hommes dont il était l’esclave, dans les hauteurs d’un des trois grands cirques qu’une géologie récente (1 million d’années) a sculpté à l’Ile de la Réunion, cirque qui a pris son nom.
Il y a de la jeunesse dans ces parois abruptes qu’on dirait lissées par la main d’un potier à l’échelle des lieux et celui qui s’y aventure n’est pas loin d’y retrouver quelques chose que la folie de nos vies citadines nous fait oublier.
Celui qui s’y aventure assez de temps pour oublier l’âpreté de la marche et la sensation d’écrasement que pourrait procurer la rectitude géométrique du basalte, simplifiée comme par un crayon bien taillé, est fatalement rejeté vers une dimension qui le dépasse comme vers l’unique refuge et rythme de l’existence. La vision d’une unité universelle, pure de tout contact mais aussi de toute amélioration, est ébauchée. Le désespoir est oublié, face à la nudité sombre, ascétique, des lieux. L’homme a toujours oscillé entre la luxure et la macération. Loin des villes, les murailles de pierre sont les pans d’une réalité où l’on retrouve l’humilité de sa condition sans perdre la grandeur qui nous fuyait.”

JHRG. Thiel